• Approches sémiotiques et philosophiques des images par Anne BEYAERT-GESLIN & Maria Giulia DONDERO (éds)

    Présentation du volume

    Les images artistiques et scientifiques se ressemblent en de nombreux points parce qu’elles questionnent les formes et les instruments de la créativité, prennent position devant la tradition et visent la découverte. Cet ouvrage s’appuie sur la sémiotique et la philosophie pour dépasser les distinctions sommaires et affiner la comparaison. Il s’attache à quelques cas exemplaires d’images qui mettent en crise les distinctions commodes. Il leur offre un espace de transformation permettant de passer d’un monde à l’autre, ce qui permet d’apercevoir les modifications superficielles qu’implique le déplacement du sens mais aussi les obstacles qui les empêchent. Une première partie envisage l’importation des modèles et pratiques scientifiques par l’art. Déplaçant le point de vue, la seconde aborde l’esthétisation et le devenir artistique de l’image scientifique. L’observation de ces passages permet d’interroger les conditions de l’interprétation des images, c’est-à-dire les instruments théoriques et épistémologiques qui autorisent l’interrogation mutuelle. On découvre ainsi comment arts et sciences ne cessent de dialoguer au travers de leurs images, de s’interpeller mutuellement, d’interroger réciproquement leur rapport à la connaissance en réexaminant continument leurs différences. L’emprunt mutuel des modèles et procédures artistiques et scientifiques procède d’une démarche épistémique et introduit une possibilité de distanciation, une plasticité vis-à-vis du croire. Il permet d’interroger les paramètres d’évaluation de la découverte et de réexaminer le rapport à la connaissance de chacun des domaines.

    Table des matières

    Anne Beyaert-Geslin, L’art comme texte et comme pratique de laboratoire Odile Le Guern, La perspective, entre géométrie et esthétique Marion Colas-Blaise, L’art au risque de la science : les vitraux radiographiques de Wim Delvoye Bernard Darras, Étude sémiotique de la « vue d’artiste » dans l’illustration scientifique Jean-François Bordron, Image esthétique, image mathématique Catherine Allamel-Raffin, Un exemple d’étude comparée des procédures interprétatives à l’œuvre dans les sciences de la nature et dans l’analyse des œuvres d’art Maria Giulia Dondero, La totalité en science et en art François Wesemael (†) et Doris Daou, Entre art et science : objectifs, fonctions et nature de quelques images de la Lune depuis Galilée

    Notice des éditeurs

    Anne Beyaert-Geslin est professeure à Bordeaux Montaigne, directrice adjointe du laboratoire MICA et coordinatrice de l’ANR Images et dispositifs de visualisation scientifiques (2008-2010). Ses recherches se concentrent sur la sémiotique visuelle et la sémiotique du design et plus précisément sur les questions relatives au statut des images et à la créativité.

    Maria Giulia Dondero est chercheure qualifiée du F.R.S.-FNRS et enseigne la sémiotique visuelle à l’Université de Liège. Elle a écrit sur l’intertextualité visuelle et les genres et publié trois ouvrages sur la sémiotique des images (artistique, scientifique, religieuse) dont le dernier en collaboration avec J. Fontanille, Des images à problèmes. Le sens du visuel à l’épreuve de l’image scientifique (Pulim, 2012).

  • Approches pluridisciplinaires des discours sur les perceptions autres que la vue par Bertrand VERINE (éd.)

    Présentation du volume

    Les recherches actuelles en sciences cognitives attestent que les perceptions de l’être humain font presque toujours coopérer deux ou plusieurs systèmes sensoriels, tandis que les recueils récents consacrés à l’expression des sensations constatent la rareté des travaux existants en dehors du champ visuel. C’est cette face ignorée de la perception et de sa mise en discours que scrutent ici une psychologue, deux historiens de la culture et six linguistes, qui croisent leurs approches sur les textes adressés par des personnes voyantes, malvoyantes et aveugles au concours d’écriture Dire le non-visuel pour le bicentenaire de Louis Braille. La mise en perspective historique de ces textes révèle la persistance globale en Occident, depuis l’Antiquité, d’une série de lieux communs que leurs auteurs s’emploient (souvent inconsciemment) à réécrire, tels que le caractère à la fois hégémonique et illusoire de la vue, la cécité comme malédiction ou comme voyance, l’indicibilité des sensations tenues pour inférieures...L’étude de ces réécritures cherche à identifier les ressources accessibles aux locuteurs non experts pour désigner les propriétés auditives, olfactives, tactiles et gustatives. Par-delà, l’observation des discours de personnes aveugles précoces permet de s’interroger sur la catégorie, apparemment paradoxale, des images tactiles à distance. Les neuf chapitres de l’ouvrage apportent ainsi de nouvelles réponses aux questions, classiques en philosophie et en psychologie, de la hiérarchie des sens, de l’existence, ou non, et de la spécificité éventuelle d’un « monde des aveugles » ou d’un « discours d’aveugle ». En citant des exemples nombreux et substantiels, tous s’attachent à la représentation langagière des sensations, non seulement en termes d’adéquation des mots aux choses, mais de fonctionnement cognitif et d’interaction des sujets avec leur environnement.

    Table des matières

    Bertrand Verine Mettre en discours les perceptions auditives, olfactives, gustatives et tactiles : le corpus du concours du bicentenaire de Louis Braille

    Carl Havelange D'une rive à l'autre : la mise en récit des stéréotypes de la cécité

    Alain Rabatel Du rôle du perceptuel en image dans la référenciation des perceptions autres que visuelles   

    Michèle Monte Des bruits et des odeurs. Étude lexicométrique et contextuelle de l’expression des perceptions dans le corpus FAF Dire le non-visuel 

    Catherine Détrie Les mots sont faits pour être vécus et non pas regardés : rôle esthétique ou nécessité esthésique de la métaphore dans la représentation des sensations?

    Lucile Gaudin-Bordes & Geneviève Salvan L’hypallage : un opérateur synesthésique ?    

    Bertrand Verine Représentations perceptives et modalisation : l’insécurité discursive des perceptions autres que la vue

    Viktoria von Hoffmann Les mots du goût : lieux communs et réécritures        

    Bertrand Verine Pour une approche des perceptions tactiles en discours

    Virgínia Kastrup Images mentales de personnes aveugles congénitales et précoces : le cas des images tactiles distales   

    Notice de l'éditeur

    Bertrand Verine enseigne la linguistique textuelle à l’université Montpellier 3. Ses recherches au laboratoire Praxiling portent sur l’organisation du discours et le marquage de la subjectivité dans l’oral spontané ou médiatique, et l’écrit – des SMS à la littérature.

  • Le Dégoût

    24,00 

    Histoire, langage, esthétique et politique d’une émotion plurielle

    par Michel DELVILLE– Andrew NORRIS– Viktoria von HOFFMANN (dirs)

    Pourritures, cadavres, corruptions, insectes et vermines, puanteurs, horreurs visuelles, matières et saveurs repoussantes, ordures, secrétions et déchets corporels… Nombreux sont les objets qui, du plus lointain de nos histoires et de nos cultures, suscitent le dégoût et agressent notre système perceptif ; les sens sont touchés avec une immédiateté qui les entraîne irrésistiblement à l’écart de cet objet qui nous fait détourner le regard, nous boucher les narines, nous éloigner physiquement afin d’éviter contact et proximité avec ce qui répugne. Pourtant, le dégoût fascine. Les artistes s’en emparent qui, dans la littérature, la peinture, l’art performatif ou le cinéma, prennent pied et appui sur le dégoût, exaltant les motifs et la monstration de ce qui au départ révulse.

    Comment définir le dégoût, malgré la multiplicité de ses objets ? Qu’en est-il de son histoire, tant du mot « dégoût » que du sentiment lui-même ? Quelles sont les relations qui unissent goût et dégoût ? Qu’en est-il du dégoût de soi ? Que dire, enfin, de la dimension éthique, politique et sociale d’une émotion qui pèse inévitablement dans les interactions humaines ?

    L’étude du dégoût est difficile. En effet, cette « émotion plurielle » est dotée d’une connotation très négative et a souvent été laissée aux marges du savoir. Depuis quelques décennies, cependant, les disgust studies se multiplient. Douze chercheurs en sciences humaines, provenant des disciplines les plus variées, proposent ici une réflexion théorique commune, explorant l’histoire, le langage, la philosophie, la psychologie, l’éthique et l’esthétique du dégoût, convaincus que les réflexions les plus riches sur le sensible, les émotions, les affects ou les sentiments se fondent sur le dialogue entre disciplines, en confrontant les méthodes, les approches et les objets. Les figures multiples du dégoût explorées dans cet ouvrage révèlent une émotion-limite, qui échappe aux partages clairement institués, tant elle se caractérise par la profusion et l’indétermination, expliquant le trouble, l’ambivalence, et la fascination du dégoûtant.

    Michel DELVILLE est l’auteur de Eating the Avant-Garde (2008), Crossroads Poetics (2013), Undoing Art (avec Mary Ann Caws, 2016) et de nombreux autres ouvrages consacrés aux études interdisciplinaires dans le domaine des sciences humaines.

    Andrew NORRIS est l’auteur de Frank Zappa, Captain Beefheart and the Secret History of Maximalism (avec Michel Delville, 2005). Ses recherches actuelles portent sur les représentations culturelles de la faim.

    Viktoria VON HOFFMANN a publié un ouvrage portant sur l’étude du goût intitulé Goûter le monde. Une histoire culturelle du goût à l’époque moderne (2013). Ses recherches les plus récentes se déploient vers l’histoire du toucher et de l’esthésie.

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